Au fil des roues, au gré des pas...

Au fil des roues, au gré des pas...

La Glacière de Pivaut, à la Sainte-Baume...

Vous l'avez remarqué vous aussi, les températures sont devenues glaciales en ce samedi 17 décembre 2011 !! Donc, à se les geler, autant prendre le parti d'aller là où il a toujours fait très froid : Aux abords d'une... Glacière !!!

 

Je prends donc la direction du Plan d'Aups, longe la superbe chaîne de la Sainte-Baume (dont une énorme partie de la forêt reste plongée dans l'ombre toute la journée en ce mois de décembre !) et commence à redescendre sur Mazaugues jusqu'au parking aménagé où l'on stationne pour se rendre à la Glacière de Pivaut...

 

Il fait un froid de canard (2.5°C !!) mais cela ne me décourage pas ! Appareil réflex autour du cou, je vais d'abord jeter un coup d'oeil au panneau explicatif :

 

 

Cela fait plus de vingt cinq ans que je m'intéresse à ces glacières et j'en connais bien le fonctionnement. Aujourd'hui, je suis davantage curieux de la façon dont ce patrimoine a été mis en valeur que du sujet lui-même et je vais être agréablement surpris.

 

Tout d'abord, le biotope a été totalement préservé au moyen de "chemins flottants", des sortes de passerelle en bois avec des lamelles antidérapantes (très utiles aujourd'hui !!), qui permettent de se déplacer sans piétinement.

 

 

Le chemin-passerelle qui conduit à la Glacière...

 

Passés quelques pannonceaux qui expliquent un peu la géologie et les étages de végétation traversés, on arrive à la Glacière elle-même 5mn après avoir quitté la voiture !

 

L'édifice est remarquablement conservé et en impose :

 

 

Ce que l'on voit sur la photo ci-dessus, c'est la porte de "sortie" des blocs de glace, dite "porte basse".

 

La Glacière, c'est avant tout une construction "enterrée", de forme cylindrique, dont seul le dernier quart apparaît hors de terre.

Imaginez un immense puits d'un diamètre de dix mètres environ et profond de trente.

A proximité de la construction, le lieu se doit d'être froid, très humide car il faut qu'il y ait de l'eau pour remplir les "bassins de congélation".

La construction est fermée par une charpente et une toiture ronde et il fait toujours très noir à l'intérieur. Il n'y a que deux ou trois minuscules fenêtres car il ne faut surtout pas que la lumière du soleil puisse entrer et réchauffer l'intérieur du puits...

 

 

Les anciens bassins de congélation où l'eau gelait dès les premiers grands froids.

 

Il suffit de passer "derrière" la Glacière pour découvrir les anciens "bassins de congélation" !

Là, l'eau, adroitement dérivée d'un proche ruisseau, venait s'étendre, en constituant une sorte d'étang, remplissant de fait une large surface plane très bien entretenue.

Aux premiers grands froids, l'étang se figeait peu à peu. Lorsque la couche de glace était suffisamment épaisse, les ouvriers venaient la débiter à la scie pour en faire de longs blocs en lingots, coupés au petit matin aux heures les plus froides.

 

 

Les bassins et la Glacière.

 

Très vite, une autre équipe faisait descendre ces blocs jusqu'à la porte de remplissage de la Glacière, telle qu'on la voit ici :

 

 

Pour éviter qu'ils ne se soudent entre eux, les blocs étaient séparés par de la paille, puis, plus tard, par de la toile de jute.

Plongés ainsi dans le froid perpétuel (sous terre et compte tenu du fait qu'il y avait ici une impressionnante quantité de glace) et dans l'obscurité, la glace pouvait perdurer d'un hiver sur l'autre !

 

 

Lorsqu'il fallait vendre cette glace sur les marchés de Toulon, de Marseille ou d'Aix, c'était une course contre le temps qui s'engageait !!

En effet, les chariots remplis de glace partaient vers minuit des différentes glacières de la Sainte-Baume, les blocs enfouis sous plusieurs épaisseurs de feutre, de lainages et de paille et surtout bien arrimés. Il fallait rouler à bride abattue sur plusieurs dizaines de kilomètres en empruntant des chemins muletiers plus ou moins carrossables et les chevaux étaient remplacés dans des relais, sans perdre le moindre temps !

Un seul impératif : Arriver sur les marchés au petit jour, avec une belle cargaison de glace que seuls les gens les plus aisés pouvaient se permettre d'acheter à prix d'or !!!

La glace valait si cher à cette époque là qu'il y avait parfois des attaques de chariot ! Un vrai "western" en Provence !!

 

 

Sur la photo ci-dessus, on voit bien le goulet d'acheminement des blocs depuis les bassins de congélation jusqu'à la porte "haute" de la Glacière.

 

C'est l'avènement de l'ère industrielle qui a doucement mais sûrement sonné le glas de ce métier d'autrefois.

Lorsqu'on a commencé à produire de la glace avec des machines électriques au début du XXème siècle, les ouvriers des glacières ont désertés les nuits glaciales de la Sainte-Baume pour aller travailler dans d'autres industries bien moins naturelles, plus polluantes et bruyantes...

 

 

 

Autour de la Glacière, sous le couvert de quelques gros chênes pubescents, de pins sylvestres et maritimes, on trouve aussi de très beaux houx (Ilex aquifolium) dont les boules rouges ramènent indiscutablement à Noël et ça tombe bien !!!!!

 

Vous souhaitant bonne lecture et aussi d'excellentes fêtes de Noël et de fin d'années !!!!

 



17/12/2011
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