Le futur Parc National des Calanques...
Le Bec de Sormiou et l'Ile de Riou
Ah, voilà un sujet bien épineux !!
En fait, la question se résume sans doute à ceci :
"Faut-il préserver à tout prix le Massif des Calanques par la création d'un Parc National ou y a-t-il d'autres moyens de mettre à l'abri ce site particulièrement grandiose ?"
Il faut donc se pencher sur la définition stricto sensu de ce qu'est un Parc National dans notre pays :
Oh !!!! Quelle curieuse surprise !!!! Lorsqu'on va sur le site officiel des Parcs Nationaux de France, on voit déjà apparaître "Les Calanques" en tant que Parc National officiel !!!
Et qui est maître d'oeuvre de cette entrée en matière : Le GIP, bien sûr !!
Pour ceux qui l'ignorent encore, le G.I.P., c'est le Groupement d'Intérêt Public pour la création du Parc National des Calanques !
L'Intérêt de qui au juste ?????
Mais revenons-en à nos moutons...
Voyons ce que dit le texte légal quant à la mission d'un Parc National :
Missions
La loi du 14 avril 2006 modifie les missions des parcs nationaux et leurs modes de fonctionnement pour répondre aux enjeux actuels du développement durable.
Le coeur du parc est un espace d'excellence, où la priorité est donnée à la protection des milieux, des espèces animales et végétales, des paysages, et du patrimoine culturel. Il fait l'objet d'une réglementation particulière.
Le territoire du parc est également composé d'une aire d'adhésion. Les communes proches du coeur du parc, et faisant partie de l'aire optimale, ont la possibilité d'adhérer à la charte du parc. Le projet de charte de chaque parc est élaboré conjointement avec les acteurs locaux. Il est soumis à enquête publique.
Une véritable solidarité écologique s'établit entre le coeur du parc, joyau naturel fragile et protégé, et l'aire d'adhésion, dont les espaces remarquables exigent un développement durable.
Ils ont pour priorités :
- la protection de la biodiversité, mission essentielle que la collectivité nationale est en droit d’attendre d’un parc national ; cependant depuis la loi de 2006, un parc national est également chargé de protéger son patrimoine culturel souvent très remarquable
- la bonne gouvernance qui vise à assurer un meilleur fonctionnement des institutions, renforcer les liens avec les acteurs locaux
- l’excellence de la gestion du patrimoine et aussi de l’accueil des publics, par lesquels les parcs nationaux doivent être à la hauteur de la dimension symbolique qui les distingue des autres formules de protection et plus encore des milieux naturels ordinaires.
Grande diversité, hautes valeurs
Les parcs nationaux français recouvrent une grande variété d’écosystèmes terrestres et maritimes, en France métropolitaine comme en outre-mer tropical, relevant de plusieurs régions biogéographiques d'Europe (méditerranéenne, alpine, océanique, continentale), d’Amérique (Antilles, Amazonie) ou d’Asie (Mascareignes), tant en zone rurale que périurbaine : forêts tropicales des plateaux amazoniens (Guyane), forêts tropicales océaniques étagées sur volcan actif des Caraïbes (Guadeloupe) et des Mascareignes (La Réunion), littoral méditerranéen (Port-Cros), moyenne montagne méditerranéenne agroforestière (Cévennes) et formations des étages d'altitude des Alpes du nord (Vanoise), du centre (Ecrins) et du sud (Mercantour).
D'accord, donc, si on a bien compris, la priorité est donnée à la protection des milieux, des espèces végétales et animales, des paysages et du patrimoine culturel...
Alors que penser de:
- La non-conformité du grand collecteur de Cortiou qui déverse quotidiennement à quelques mètres seulement des côtes des milliers de tonnes d'eaux usées et polluées, très mal traitées, dont l'épandage maritime balaie selon les vents dominants toute la côte du massif, rendant les eaux turbides et l'air parfois irrespirable...
L'endroit où le grand collecteur déverse l'ensemble des égoûts de Marseille !!
- L'immense dépottoir que constitue, au large des Calanques, la Fosse de Cassidaigne, profonde de 1200m et qui recueille depuis plus d'un demi-siècle des tonnes de boues rouges, résidus très toxiques issus de la transformation de l'alumine par les usines Péchiney de Gardanne !!
La conduite débouche dans la Calanque de Port-Miou mais rien ne s'en échappe là puisque tout se dirige jusqu'au-dessus de l'abrupt qui domine l'abîme... Là, le poison est lâché sans que personne ne s'en soucie plus !!!!!
- La nappe perpétuelle de pollution (hydroxyde et monoxyde de carbone, métaux lourds, gazs issus des raffineries de Lavera par vent d'ouest, etc...) qui domine sans cesse la cité phocéenne et dont les retombées toxiques s'étendent sur l'ensemble du massif - celui-ci étant littéralement "collé" à le seconde ville de France !).
- Ce risque majeur d'incendie qui a tant de fois détruit tout ou partie du massif des Calanques et qui a ravagé des années durant le massif du Cap Canaille qui sera inclut en coeur de parc ! Va-t-on ENFIN mettre en place de vrais moyens de défense contre les incendies, moyens extrêmement coûteux qu'aucune entité administrative n'a jamais voulu prendre en charge jusque là...
- L'omni-présence du Pin d'Alep, l'une des espèces les plus pyrophiles du secteur qui ramène de fait au problème précédent. Pour information, il est bon de savoir que le Pin d'Alep n'est absolument pas une espèce indigène de la Provence littorale ! Il y a été planté en très grand nombre au début du 20ème siècle par les agents de l'ONF pour faciliter le reboisement des massifs, dénudés par un pastoralisme mal contrôlé, par une exploitation outrancière du chêne vert pour la fabrication du charbon, du bois de chauffe et de construction.
C'est le chêne vert, et lui seul, qui est l'espèce naturelle initiale du massif des Calanques.
- La présence outrancière et dévastatrice des "promène-couillons", ces grands bateaux qui emmènent au coeur des calanques des dizaines de milliers de touristes chaque saison estivale, ravageant les herbiers à posidonies des Calanques à fond sablonneux, perturbant par le bruit incessant de leurs moteurs diesel la faune locale et notamment les oiseaux maritimes nicheurs et dégageant des effluves de fuel malodorantes d'un bout à l'autre des côtes.
Ces gens là sont des commerçants qui ne sont pas forcément prêts à cesser leurs activités très lucratives... Comment le Parc va-t-il gérer ce délicat problème ??
- La notoriété du massif lorsqu'il sera internationalement reconnu en tant que l'un des 9 Parcs Nationaux français...
En effet, si on se plaint aujourd'hui de voir les sentiers des Calanques érodés par le passage perpétuel des touristes et des randonneurs, comment fera-t-on alors pour empêcher ou amoindrir l'érosion due au piétinement avec encore plus de visiteurs sur le site ??
Mais bon, gageons que tout cela trouvera bien vite une solution puisque le GIP y veille !!!
A présent, si on se penchait un peu sur l'utilité réelle de la création de ce Parc National...
Une question devrait nous brûler les lèvres : " Quelles sont les menaces qui pèsent aujourd'hui sur ce petit territoire ??"
Le bétonnage ? La disparition des espèces ? Le feu ? L'érosion ? La pollution ? La fin du monde... enfin, là, faudrait que le GIP nous invente un Parc Mondial !!
L'urbanisme et le bétonnage :
Cela fait plus d'un siècle que cassidains et marseillais ont appris à se mobiliser pour protéger ce territoire et les manifestations ont été nombreuses contre de nombreux projets aberrants que quelques promotteurs plus ou moins déjantés voulaient implanter au coeur des Calanques...
Le COSINA (Comité de Défense des Sites Naturels) et la Loi Littorale ont oeuvré en commun pour anéantir toute trace h'abitat illégal dans le massif (Podestat et Port-Pin notamment).
Aujourd'hui, le site est classé et donc protégé.
Toutefois, rien n'étant jamais acquis en matière de politique d'urbanisme, il faut rester vigilant et obtenir le maintien des mesures de préservation pour ne jamais voir des cités entières se construire sur le massif...
Cet article est intéressant, j'en conseille sa lecture :
http://mediterranee.revues.org/339#tocto3n2
Reste à savoir si, en tous lieux où l'urbanisation menace de détruire un site merveilleux, il y a la nécessité de créer un Parc National... L'arsenal juridique est pourtant très vaste pour protéger sans "sanctuariser"...
La disparition des espèces :
Accompagnateur en montagne de formation, animateur de randonnée pédestre à la FFRP et botaniste amateur mais éclairé, je voudrais attirer l'attention des lecteurs sur ce qu'énonce le GIP lorsqu'il parle de l'immense richesse botanique du futur Parc des Calanques...
11% des plantes vasculaires du territoire national s'y trouvent... Oui, et alors ??
On retrouve aussi 97% de ces plantes au coeur du massif du Garlaban, de l'Etoile, de la Sainte-Baume, de la Sainte-Victoire, du Gros Cerveau, etc, etc...
Seul l'Orpin du littoral paraît être (à vérifier) totalement endémique des Calanques. Même l'Herbe à Gouffé ou Sabline de Provence (arenaria provincialis) pousse aussi du côté des montagnes toulonnaises alors qu'on l'imagine endémique pure des Calanques !
A ce propos, la Sabline de Provence ne pousse que sur le versant ouest de la Montagne de Marseilleveyre; on ne la trouve donc que sur moins d'un 10ème du territoire des Calanques...
D'autre part, je fréquente le massif depuis plus de 25 ans et je n'ai eu de cesse de voir les populations d'Arenaria gouffeides ou d'Ophrys massiliensis (une orchidée rare qui pousse surtout dans le Vallon d'En-Vau, extrêmement fréquenté) se développer et s'étendre alors même que le nombre de touristes et randonneurs s'est accru sur le massif...
Arenaria provincialis
Bref, je suis d'accord avec le fait qu'il y a une biodiversité à préserver au sein du massif des Calanques mais qu'en partant de ce principe, il y a des millions d'hectares en France où s'imposerait la nécessité d'un Parc National compte tenu du nombre d'espèces rares qu'on y trouve !!!!!!!!!!
Encore une fois, le Parc National n'est pas l'unique solution (cf; La Réserve Naturelle des Hauts-Plateaux du Vercors)
Quant aux insectes, c'est un autre débat : On ne trouve jamais autant d'insectes que quand on en cherche !! Je veux dire par là que les Calanques sont devenues une sorte de laboratoire où on inspecte désormais chaque pierre, chaque buisson. certes, on y trouve donc des espèces plus ou moins rares mais aucune n'est endémique du massif. On peut les trouver ailleurs, encore faut-il avoir le désir et la volonté de les chercher en d'autres lieux !
L'Aurore de Provence, mâle et femelle, prêts à l'accouplement.
Les mammifères ? Pas grand chose à dire là-dessus. Sans doute y a -t-il encore quelques chiroptères peu communs sur le massif mais pour les autres mammifères, rien de bien extraordinaire ! On trouve là les sempiternels sangliers, renards, blaireaux, fouines et petits rongeurs de la Provence littorale, rien de plus ! Pas tant que le GIP n'y aura pas fait des lâchers de mouflons, cerfs et même peut-être des pinguoins pour célébrer les peintures rupestres de la Grotte Cosquer !!!!
Le feu :
Quel Prométhée peut prétendre maîtriser le feu maintenant qu'il est l'apanage du commun des mortels ??
Quel garde-moniteur aura assez de cran pour affronter les gamins de La Cayolle (quartier "chaud" de Marseille aux portes du futur parc national) qui mettront à nouveau le feu au Col de Sormiou juste parce qu'on leur aura interdit de descendre en booster se baigner dans la Calanque...
Quel accord sera passé avec l'Armée Française pour qu'aucun légionnaire à l'esprit tordu n'aille faire un tir à balles traçantes dans les broussailles déssechées du Camp de Carpiagne ??
Interdira-t-on la moindre cigarette, la moindre petite étincelle dans une zone semi urbaine de plusieurs milliers d'hectares qui entourera une bonne partie du futur parc ??
A moins qu'on se décide enfin à éradiquer chaque pin du massif et qu'on envisage une très sérieuse campagne de reboisement en chêne et feuillus (cela coûterait plusieurs millions d'euros et nécessiterait de longues années de transition !).
Installera-t-on des lignes entières de brumisateurs géants dont le rôle serait de ré humidifier les forêts dans les saisons les plus sèches (qui financerait ce type de chantier pharaonique ??)
Le feu est le premier ennemi de ce futur parc. Qu'envisage-t-on très concrètement pour l'empêcher de tout détruire ? .... RIEN à ce jour !!
L'érosion :
Cela fait environ 10000 ans que les Calanques existent comme nous les connaissons ! Oh, bien sûr, elles étaient alors beaucoup plus fraîches, plus boisées, plus riches en espèces mais géologiquement, le tableau était dressé, à peu de choses près !
Et cela fait environ 80 ans que des gens s'y rendent en nombre pour y pratiquer des activités de nature, randonnée pour la première d'entres-elles, chasse, escalade et, pour une poignée négligeable du vélo ou du trail...
Les sols ont-ils souffert de cette fréquentation répétée ? Oui... et Non !!
Oui, lorsque la roche mère est à nue car les passages réguliers et répétitifs peuvent rentre le calcaire lisse et glissant.
Non, lorsque le sol est constitué de cailloux et de terre mélangés car les points de frictions sont alors variés et le caractère meuble du sol empêche que les frottements se produisent à l'identique.
Mais on parle de pierre et surtout de "calcaires urgoniens" ou calcaires à rudistes, c'est à dire d'une des roches réputées les plus dures du monde minéral (parmi les roches sédimentaires).
La pluie, à elle seule, par son ruissellement et par le CO2 qu'elle contient, va dissoudre et éroder dix fois plus rapidement la roche calcaire que le passage de "troupeaux" de randonneurs !
Or, on n'empêchera pas la pluie de tomber et de faire son simple travail d'agent érosif !
Dans les Calanques, le véritable problème est celui de la fréquentation des éboulis. Non seulement car l'éboulis, même s'il paraît désertique, est un biotope à lui seul et qu'il abrite des insectes et des végétaux adaptés mais aussi parce qu'en l'empruntant, on précipite vers le bas, par simple gravité tous les matériaux lourds (grosses pierres) pour ne conserver finalement en haut de la pente que des éléments à granulométrie fine (graviers et poussières), mettant quasiment à nu le sol en dessous. L'érosion étant un phénomène perpétuel, la Nature n'aurait jamais abouti au même scénario sans l'action humaine, les pierres continuant de tomber régulièrement dans l'éboulis à la suite de la gélifraction des falaises...
Partout, de la roche, blanche et dure...
Donc, en conclusion, on peut difficilement être sérieux et dire que les passages répétés des êtres humains sur les sentiers rocheux des Calanques (c'est à dire tous !!) érodent les sols de façon alarmante !!!!
Par contre, Oui, les dalles et les passages d'escalade facile qu'on rencontre souvent dans le massif sont soumis à une forme d'érosion par l'homme qui est incontournable. Mais attention, le passage est seulement rendu glissant, il ne se creuse pas !!
La pollution :
Inutile de s'étendre longuement là-dessus, j'en ai déjà parler plus haut...
Mais je ne peux m'empêcher de penser qu'un Parc National à l'extrême limite d'une ville immense telle que Marseille, une ville qui génère des pollutions industrielles de toutes sortes , avec un traffic routier extrêmement dense, est une aberration...
Marseille est, vue du sommet de Marseilleveyre
Après, lorsqu'on y réfléchit, il faut savoir que toute la zone aujourd'hui semi-urbanisée qui s'étend entre la Pointe-Rouge et Callelongue était occupée au 20ème siècle par de nombreuses usines qui produisaient ou transformaient des produits particulièrement toxiques.
Compte tenu de ce qu'étaient alors les lois sur l'environnement, les rejets toxiques, aériens ou lourds, allaient directement dans les sols environnants, là où poussent aujourd'hui quantité de plantes rares que le GIP voudraient bien préserver...des pollutions futures !!!
Allez comprendre ce qui se passe dans la tête de ces petits végétaux !!!
Bon, j'arrête là mes digressions !
Je me dis qu'il faut continuer à préserver cet écrin de nature éblouissant que sont les Calanques mais il ne faut pas "sanctuariser" le site comme s'apprêtent à le faire les membres du GIP.
On peut préserver et protéger sans Parc National.
Il faut comprendre avant tout que le projet de création de ce Parc est politico-financier, qu'il a pour but de servir de vitrine à Marseille (qui, ne l'oublions pas, va devenir Capitale Européenne de la Culture en 2013 !!) ainsi qu'à Cassis (qui en récoltera de gros bénéfices financiers en termes d'hôtellerie et de restauration !!).
Il faut aussi savoir qu’une dotation forfaitaire spécifique est prévue en faveur de ces communes pour les sujétions qui résultent du régime de protection… (cf. Extrait du compte rendu du Conseil des ministres du 25/05/05)
Bien d'autres endroits en PACA ont un besoin prioritaire en matière de protection, notamment La Camargue, les Bords de Durance, le Queyras, la Haute-Ubaye, Les Maures, etc...
La pratique du sport-loisir dans le futur Parc National des Calanques :
Depuis fort longtemps, par nécessité d’abord puis par loisir, ce massif a connu la visite de nombreux amoureux des grands espaces.
Ce sont sans doute les chasseurs, les braconniers, les charbonniers et les chauliers (ceux qui fabriquaient la chaux en faisant cuire le calcaire) qui ont été les premiers à arpenter en toute liberté ce massif sauvage…
Puis, une nouvelle espèce est apparue : Les marcheurs ou plus exactement les « excursionnistes » !
Rapidement, ces nouveaux passionnés ont appris à partager leurs terrains de jeu et d’aventure avec d’étranges bonhommes bizarrement accoutrés, bardés de cordes et de pitons qu’on appelait alors « ascensionnistes voire alpinistes »…
Dans le même temps, les premiers baigneurs et touristes de passage venaient se prélasser à Sugiton, à En-Vau ou dans la Calanque de Marseilleveyre pour le simple bonheur d’être là, à écouter le bruit des vagues et le vent dans les pins…
C’étaient eux, les défenseurs des Calanques, cabanoniers, grimpeurs, randonneurs, contemplatifs…
C’étaient eux qui se battaient becs et ongles pour empêcher l’urbanisation de ces Calanques…
Mais ils se battaient au nom de la Liberté, ils n’interdisaient rien à autrui ; ils ne demandaient que le respect de ce site merveilleux…
Et ce combat s’est maintenu jusqu’à ces dernières années, pour le plus grand bien de ce massif, jusqu’au jour où s’est crée l’U.C.L., « Union Calanques Littoral », association militante marseillaise qui, depuis 1992, a décidé, sans aucune concertation au sens large, que l’unique outil de préservation des Calanques devrait être un Parc National !! C'est-à-dire un espace réglementé, un espace non plus de liberté et de choix mais un espace restreint, limitatif et coercitif…
Pourtant, c’est bien l’U.C.L. qui dit, sur son site :
http://ucl.association.free.fr/fenetre_index.htm
« C'est aussi un haut lieu culturel et sportif, royaume de la randonnée pédestre, de l'escalade et de la plongée et un havre de paix pour les marseillais. C'est aussi un milieu fragile qui subit la pression de la deuxième ville de France et des touristes venus du monde entier (1 300 000 personnes par an). »
C’est donc l’UCL qui reconnait tout l’intérêt que peut avoir le massif des Calanques pour la pratique de divers sports mais qui, sous sa seconde casquette du GIP condamne ces mêmes activités sportives et les relèguerait bien volontiers vers d’autres massifs provençaux !
Dans le même ordre idée, comment l’UCL / GIP peut concilier d’admettre que le milieu est fragile du fait d’une très forte concentration de touristes et pratiquants, mais qui clame dans le même temps la création d’un Parc National dont la réputation internationale attirera en ces lieux plusieurs millions de visiteurs…
On marche sur la tête !!!
Venons-en à présent à l’apparition d’une nouvelle forme de sport loisir que, tant l’ONF que les gardes de la propriété de Luminy ont absolument cherché à éradiquer du massif des Calanques pendant ces trente dernières années, en utilisant une législation abusive et erronée, je veux parler de la pratique du Vélo-Tout-terrain.
Auteur d’un guide d’itinéraires à VTT entre Marseille et Toulon, paru chez Edisud en 1992, je me suis trouvé malgré moi au cœur d’un grand débat médiatique dès la parution de mon ouvrage…
En effet, interviewé sur la pratique du VTT par les reporters de France 3, je me suis rendu compte dès la visualisation du montage que le débat m’avait complètement échappé ! Dans la restitution télévisuelle, France 3 mettait simplement l’accent sur la difficulté de cohabitation entre les « piétons » et les « vététistes », opposant bien volontiers ces deux acteurs du milieu naturel pour les ériger en ennemis potentiels !!!
Nous n’étions qu’en 1992 et déjà, le vététiste était annoncé (et dénoncé) par les médias comme le « mauvais objet » !!!!
La messe était dite !!
A côté de ces partis pris basiques, ce sont aussi les médias qui ont volontiers mis l’accent sur les pratiques dites de « freeride » auxquelles s’adonnaient quelques fous-furieux du vélo-tout-terrain, diffusant en boucle des images extraordinaires de « fous roulants », dévastant tout sur leur passage, dérapant à qui mieux mieux en soulevant des gerbes de terre et de végétation arrachée… C'était l'époque où la soif d'adrénaline l'emportait largement à la télévision sur la préservation de l'environnement !
Oui, le freeride, ça existe… mais sur les 200 000 pratiquants français identifiés, combien d’entre eux ont ce type de pratique ? … Une minorité, c’est certain !
En fait, aujourd’hui, une grande majorité des vététistes roule en respectant véritablement l’environnement naturel qu’ils traversent.
Ceci ne veut pas dire qu’ils se contentent de rouler sur de larges pistes DFCI ! Non, le vététiste actuel est un grand amateur de sentiers mais il suit les sentiers, il ne les invente pas !
« Alors, il les abime, il les érode ! » s’écrient les défenseurs bien pensants d’autres pratiques (la randonnée pédestre, la chasse, etc.…).
Pas vraiment, non ! En fait, il est même évident que la pression au sol au cm2 est bien moindre lors du passage des roues d'un VTT que lors du passage d’un marcheur ; idem pour la traction exercée sur le sol !
Ce n’est que lors des freinages que l’impact du VTT peut devenir plus important ! Encore faut-il parler de freinage « roue bloquée » uniquement !!
Or, avec les freins hydrauliques qui équipent aujourd’hui 80% de nos VTT, on peut descendre une pente très raide en freinant fort, sans aucunement boquer les roues (ce qui d’autre part mettrait le vététiste en danger car les roues auront alors tendance à glisser latéralement !).
On voit donc que le vététiste, contrairement aux idées reçues, n’est pas « l’Attila des collines » que décrivent les contestataires !
Il n’est qu’un « nouvel » usager des grands espaces, comme le furent avant lui les randonneurs, les grimpeurs, les plongeurs, etc…
Et si l’homme du 21ème siècle réfléchit un tant soit peu à cette « récente » pratique, il devrait réaliser assez vite qu’elle s’inscrit naturellement dans les grandes orientations écologiques qu’il faut mettre en place pour préserver notre monde.
Le VTT, ce n’est pas la moto verte, ce n’est pas le Quad… le VTT, c’est une autre façon douce de découvrir la nature tout en la respectant.
Je ne sais pas si le Parc National des Calanques verra le jour ou non mais une chose est sûre, je préfère mille fois voir circuler dans ce superbe massif quelques vététistes (et oui, le relief est tellement exigeant que peu s’y rendent !) que des cohortes de plusieurs dizaines de randonneurs issues d’associations et qui laissent leurs lieux de pique-nique souillés de kleenex, paquets de chips et autres mégots de cigarettes. Et encore n’ai-je pas parlé des centaines de cartouches vides qui souillent les beaux sentiers de Provence mais ça, c’est un autre débat…
A découvrir aussi
- Souvenirs d'un été déjà lointain...
- Les réflexions qui étaient menées en 2008 en vue de la création éventuelle d'un Parc National des Calanques !
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