Grand Coyer - 28 et 29 février 2012
Une randonnée à raquettes... sans les raquettes... enfin, si... Mais non !! Et une belle galère à la clé !
Vue d'ensemble du massif du Grand Coyer depuis la route de Peyresc.
Nous sommes le 28 février 2012 et nous partons, Olivier (mon beau-frère) et moi pour une belle virée en montagne de 2 jours.
Le créneau météo est des plus prometteurs car les 2 jours à venir s'annoncent, selon Météo France, radieux !!!
Tant mieux car l'objectif du second jour est l'ascension du Grand Coyer (2693m), un sympathique sommet des Alpes du sud qui permet, par très beau temps, de voir tout à la fois la Corse, la Rade de Toulon, le Ventoux et tous les grands sommets du 04, du 05 et du 06 !!
A force de scruter les webcams des stations du Val d'Allos, nous avons acquis une certitude : Il n'y a quasiment plus de neige... Mais, par prudence, nous emmenons tout de même les raquettes, sait-on jamais !
Pourtant, au fur et à mesure que nous roulons en direction de la montagne, nous devons confirmer le rendu des webcams ; la neige n'est vraiment pas au rendez-vous !!! La plupart des sommets sont à peine tâchés de blanc !
Nous stationnons la voiture à Peyresc, un superbe petit village entièrement retapé qui domine en "nid d'aigle" une profonde vallée, entre Colmars-les-Alpes et Annot ...
Prêt au départ - Peyresc.
Malgré les 1500m d'altitude, il fait déjà chaud et nous rangeons les polaires et les gore-tex. Le tee-shirt à manches longues suffira bien !
Nous débattons longuement, mon beau-frère et moi de la nécessité d'emmener les raquettes et finissons par abandonner l'idée ... Cruelle erreur ...
Aujourd'hui, pour notre premier jour de marche, il s'agira de rejoindre la Cabane Vieille, située à quelques 8 kms d'ici. Je compte tout au plus 3 heures de marche pour rejoindre ce qui doit être notre lieu de bivouac. Autant dire que la journée s'annonce très paisible !
Le sentier que nous empruntons pour quitter Peyresc s'élève doucement dans une forêt. Un peu de neige stagne ça et là, par flaque mais compte tenu de l'ombre sous les arbres, celle-ci forme souvent de traîtresses plaques de verglas ...
3/4 d'heure plus tard, nous voici arrivés au lieu-dit "les Prés de Thorame"; il nous faut maintenant commencer à grimper plus sérieusement dans un bois épais et sombre.
Olivier aux Prés de Thorame.
Par endroit, vu que nous sommes maintenant sur un ubac et à plus de 1750m, la neige est profonde et couvre de vastes étendues. C'est le début d'une longue et pénible galère qui durera 2 longs jours !! Souvent, la neige, croûtée en surface, s'effondre sans prévenir sous le poids cumulé de nos corps et de nos pesants sacs à dos. Une fois, deux fois, dix fois... C'est pénible et on y laisse vite beaucoup d'énergie. Je me maudis pendant des heures d'avoir laissé les précieuses raquettes dans le coffre de la voiture !!!
Le repas de midi est pris à 14h (!) en plein soleil, sur une crête bien exposée.
Du lieu de pique-nique, vue sur le chaînon "Lançonnet - Grand Coyer".
Puis, il faut repartir. Le scénario ne change pas, hélas, et tout devient encore plus complexe au fur et à mesure que nous progressons. Régulièrement, nous brisons la frêle couche de neige croûtée pour plonger jusqu'à l'entrejambe dans de la poudreuse inconsistante. Sortir de ces pièges est épuisant, surtout que les gestes se répètent inlassablement !
Une neige qui nous épuise à chaque pas ...
L'heure tourne et je comprends bien que nous arriverons plus tard que prévu à la Cabane Vieille ...
Lichens.
Enfin, après un temps fou passé à se battre avec le sol instable, nous sortons de la forêt. A notre droite se trouve le passage du Courradour qui a donné son nom à tout l'adret qui domine Peyresc. En patois, un "courradour", c'est un passage étroit en montagne par où les brebis sont obligées de passer les unes après les autres, ce qui permet au berger de les compter facilement !
Notre itinéraire n'emprunte pourtant pas ce retrécissement naturel. Nous devons à présent traverser l'immense plateau désertique (mais enneigé) du Plan de Rieu pour espérer rejoindre la Cabane Vieille.
La traversée en est fastidieuse et monotone. Là aussi, la neige, soufflée par les vents, s'est accumulée par endroits sur plus d'un mètre et nous luttons pas à pas pour progresser ...
Seule satisfaction : Il fait un temps magnifique, à peine brumeux et surtout, il fait chaud !!
La traversée du vaste Plan de Rieu.
Nous arrivons enfin à la Cabane Vieille à 15h45, heureux de pouvoir enfin prétendre à un repos bien mérité ...
Oui mais ...
Lorsque je suis venu ici pour la dernière fois, au printemps de l'année 1997, la Cabane Vieille constituait une halte bien agréable pour le voyageur de passage sur ces hautes terres désolées ... Mais aujourd'hui, tandis que nous arrivons devant la cabane, je vois avec stupéfaction qu'elle a été transformée ; La porte est désormais défendue par une solide serrure et l'antique cabane de berger de 1997 est devenue le logement estival privé d'un berger moderne ... Sur le côté, toutefois, un abri très sommaire et plein de neige (car la porte en a été mal fermée à l'automne !) peut servir de dortoir en cas d'absolue nécessité ...
A droite, perdue dans l'immensité, la Cabane Vieille. Par-delà, la longue échine du Grand Coyer (sommet à gauche, avant le col)
C'est donc avec une très grande frustration que nous nous rendons à l'évidence : La nuit à venir sera pénible, glaciale et longue !
La Cabane Vieille ne présente aujourd'hui plus qu'un seul avantage, sa grande terrasse orientée plein sud. Nous nous y installons pour souffler un peu et pour digérer notre rancoeur ...
Sur la terrasse de la Cabane Vieille ...
Aucun de nous n'a envie de parler. Autour de nous, les solitudes enneigées s'étirent au loin jusqu'à venir buter sur les hauts sommets encore lointains ...
D'ici, on voit très bien le Grand Coyer, ce sommet que nous devons gravir demain. Il y a beaucoup de neige mais je compte sur un départ de bonne heure afin de trouver de la neige prise par le froid de la nuit et donc bien glacée ...
Il est 16h30 quand j'expose à mon beau-frère mon idée de pousser dès maintenant jusqu'aux Cabanes du Pasquier, situées quelques 3 kilomètres plus au nord-est. Pour y être passé à VTT il y a 2 ans, je sais qu'elles sont ouvertes au public et je croise les doigts pour qu'il en soit toujours ainsi, bien sûr !
Je sais que ce nouveau déplacement n'était pas prévu et qu'il va falloir supporter nos lourds sacs à dos 2 heures de plus mais nous avons de bonnes chances de trouver là-bas de bien meilleures conditions d'hébergement ...
C'est donc un nouveau départ et de nouveaux problèmes de progression. Dans une descente pour traverser un ravin, c'est l'horreur ; la neige est vraiment épaisse et glisse par plaques. On s'enfonce, on s'extrait, on s'enfonce à nouveau ... Toujours les raquettes qui nous manquent cruellement ... Je bous intérieurement d'avoir été si stupide, d'avoir basé une bonne partie de ma décision sur de simples webcams ! Je connais pourtant suffisamment la montagne pour éviter cette erreur de débutant !!! Quel idiot !
Encore des terrains peu praticables sans raquettes !
Au fond du ravin, nous trouvons de l'eau courante, une denrée rare et précieuse car nos camelbacks sont à sec à présent.
De l'eau "liquide", une denrée rare !
Puis, c'est une très longue remontée dans une forêt profonde. Le soleil commence à décliner très sérieusement et nous baigne d'une douce lumière orangée. Un bref moment, nous pouvons profiter d'une neige dure mais cela ne tarde pas ; trop vite, nous nous enterrons de nouveau dans la couche épaisse de neige poudreuse ... Y'en a marre !!!!
En montant aux Cabanes de pasquier ...
Les traces d'un loup parviennent un temps à occuper nos idées noires ...
Canis lupus ! Le loup.
Les sacs tirent horriblement sur les épaules et, en dépit du froid qui règne dans cette obscure forêt, nous sommes en nage tant la progression est pénible.
Enfin, à 18h30, dans les derniers vestiges de la lumière du jour, nous arrivons enfin aux Cabanes du Pasquier. La dernière montée est particulièrement éprouvante ; nous mettrons plus de 10mn pour avancer de 100 mètres, avec l'impression désagréable de nager debout pour se déplacer !
Les Cabanes pastorales de Pasquier.
Les deux cabanes, toute mignonnes, sont là, accueillantes à souhait et surtout, ouvertes !!!
Nous nous installons dans la plus grande. C'est avec une immense joie que nous y découvrons un poêle à bois et un bon demi stère de mélèze coupé ; nous pourrons faire sécher nos affaires trempées et savourer les bienfaits d'une douce chaleur !
Ciel de feu à 18h30 ...
Dehors, la nuit est tombée soudainement. Le feu a fini par prendre dans le poêle et le seul crépitement du mélèze suffit presque à nous réchauffer ! Pourtant, il faudra réellement plusieurs heures pour que la température passe au-dessus de zéro dans la grande cabane ...
Je n'ai même pas faim. Mon beau-frère me fait la surprise de sortir de son sac une jolie bouteille de 37 cl d'un Côtes de Provence à la belle robe rouge ! Ici, et compte tenu de l'effort qu'il a fallu fournir pour l'emmener jusque-là, c'est un véritable nectar que nous savourons lentement ... L'alcool nous grise un peu et nous détend, enfin !
Le berger qui monte ici à la belle saison a stocké quelques vieilles boîtes de jeux de société ; nous jouons un moment à Pyramide après le repas, morts de rire en pensant au sketch de Gad Elmaleh !!!
Il est 22h30 quand le sommeil nous gagne ; nous montons à l'étage et installons nos duvets sur des dortoirs de bois ...
Je demande à mon beau-frère de mettre l'alarme de son téléphone portable à 6h du matin car je veux monter à l'assaut du sommet sur une neige bien glacée ...
Courbaturé, très fatigué, j'ai un mal fou à trouver le sommeil. Je ne dormirai qu'entre minuit et 3 heures du matin ...
A 3h45, tiré hors du duvet par une envie de pipi, je sors de la cabane; la nuit est très claire mais bizarrement assez douce; j'ai peur qu'il ne gèle pas suffisamment ...
29 février 2012 :
Dans ma léthargie, je me rends compte qu'il fait déjà jour dehors ; c'est curieux, le portable d'Olivier n'a pas sonné ... J'en conclus qu'il n'est pas encore 6 heures du matin ...
Oui mais, après quelques minutes, je trouve cela bien étrange et j'utilise ma frontale pour regarder ma montre : Merde !!! Il est 7 heures !!!
J'appelle mon beau-frère, encore endormi et lui explique la situation. Son portable n'aurait jamais pu sonner, sa batterie s'étant déchargée très vite du fait des basses températures ... Encore un problème ! Décidément !
Nous accélérons donc le mouvement pour quitter la cabane le plus tôt possible. A 7h50, nous sommes prêts. Nous ne portons que le strict minimum dans nos sacs à dos pour monter vers le sommet. De toutes façons, compte tenu de notre nouvel itinéraire, nous redescendrons par le même itinéraire et nous pourrons donc récupérer nos affaires en fin de matinée ...
C'était du moins ce que je pensais ...
La cabane du Pasquier au matin ...
A peine la cabane quittée, les cent premiers mètres nous contraignent à l'abandon. Effectivement, comme j'en avais eu l'impression dans la nuit, il n'a pas gelé et la neige est détestablement molle ; seule une très mince pellicule est croûtée.
Il est impensable de parcourir les 5 kilomètres qui nous séparent encore du sommet dans ces conditions là ! Je rentre dans une colère noire et fais demi-tour la rage au ventre ...
Arrivé à la cabane, j'explique mon nouveau plan d'attaque à Olivier ...
Nous repartons donc quelques 10 mn plus tard, les sacs à dos pleins et toujours aussi lourds, sur nos traces d'hier. Il s'agit de rejoindre le pied du Collet d'Emburles, à l'extrémité nord du Plan de Rieu et de voir si on peut trouver un chemin d'accès vers le sommet par des pentes orientées au sud et que j'espère déneigées ...
C'est sans un mot et plein de doutes quant à l'avenir de cette nouvelle journée que nous cheminons dans nos traces de la veille. Il n'est que 8h30 et déjà nous avons chaud ! C'est stupéfiant, je n'ai jamais rien vécu de tel à la fin février !!
Nous retournons là où nous avons rempli les camelbacks hier en fin d'après-midi. Surprise, une harde de 27 chamois sont sur le versant opposés, à guère plus de 150m. Lentement, ils s'élèvent vers le Collet d'Emburles, une crête arrondie qui nous domine et qu'il va falloir à présent rejoindre.
Harde de chamois sous le Collet d'Emburles.
Cette première ascension est très fatigante. C'est très raide et la neige est ici plus ou moins verglacée. Pour autant, la distance n'est pas assez longue pour penser à chausser les crampons ...
Olivier dans la montée vers le Collet d'Emburles.
150m plus haut, nous arrivons enfin sur la ligne de crête. Je choisis de laisser tout mon matériel superflu au pied d'un unique mélèze ; je le récupèrerai de retour ... Olivier part devant, avec son sac à dos complet ... Il est déjà loin, je l'interpelle mais il ne s'arrête pas et m'explique vaguement qu'il préfère contourner le collet plutôt que de l'attaquer de front comme je m'apprête à le faire ...
Pourquoi pas ? De toutes façons, je sais qu'on se retrouvera plus haut, sur le Collet d'Emburles ...
Pourtant, les pas d'Olivier ne recouperont plus les miens pendant 3 bonnes heures ; je le perds de vue lorsqu'il se met à grimper en direction d'un sommet secondaire qu'il n'est pourtant pas nécessaire de gravir pour l'ascension du Grand Coyer ...
Olivier, que je ne verrais bientôt plus car il va s'élever tout droit jusqu'à un replat sommital sans nom tandis que je passerai par la droite pour aller gravir le Grand Coyer, le sommet légèrement à droite du centre de l'image.
Fidèle à ce que nous avions décidé, je poursuis ma longue traversée en direction du col rocheux qui ouvre l'accès au couloir du Grand Coyer. Je sais que pour l'instant olivier est au-dessus de moi mais il reste invisible ...
Au centre, le col qui me livrera accès au couloir d'ascension que l'on voit clairement.
Enfin, longtemps après l'avoir quitté, je le distingue au sommet d'un replat sans nom. je crie pour qu'il me repère. Un mouvement de bras me prouve qu'il m'a vu ; on essaye de se parler mais la distance étouffe les sons. Pourtant, je comprends bien qu'il ne fera pas le sommet. Il est à bout de force là-haut et arrête ici son ascension ...
Pour ma part, je dois faire face à présent à la principale difficulté du parcours ; un couloir glacé d'une centaine de mètres de haut, incliné par endroit à 40°. Je sais qu'une fois celui-ci franchi, le Grand Coyer ne pourra plus se refuser à moi.
Je chausse donc mes crampons automatiques, sort mon piolet, enfile mes gants et, le sourire aux lèvres, je m'élève droit dans le mur immaculé ... Fascinante sensation que de rester en équilibre sur les pointes avant en voyant se creuser le vide sous les pieds, ancré dans la neige glacée par quelques centimètres d'acier inoxydable ! Je progresse régulièrement, franchit un goulet rocheux où je me faufile sur des lignes de glace pour ne pas élimer les crampons ...
C'est au pied du couloir qu'on le voit le mieux, le couloir !!
Pour se donner une idée de la taille de l'édifice ! Photo prise par Olivier de l'autre côté de la vallée !
Au-delà, une vaste combe encore bien pentue s'ouvre vers le sommet. L'entonnoir de neige est d'une blancheur impensable. Encore quelques pas dans cet océan blanc et je croise quelques icebergs miniatures échoués sur la neige ...
Structures de neige et de glace, sous le sommet ...
Je dévore le paysage des yeux ; tout scintille et m'éblouï ...
Enfin, vingt bonnes minutes après avoir commencé l'ascension, je parviens au sommet tout rond du Grand Coyer, à l'altitude somme toute modeste de 2693m !
Summiteer !!
Immédiatement, mon regard se porte au loin, par-dessus la mer car je veux voir la Corse, comme je l'avais nettement vue en août 2004, de ce même endroit, par une extraordinaire journée de mistral ... Mais là, je dois me rendre à l'évidence, la mer est couverte d'une chape de brume et seuls émergent vers l'infini les grands sommets de l'île de beauté, le Monte Cinto et ses confrères ...
La Corse, dans le lointain très brumeux ...
Malgré le froid mordant et le petit vent qui souffle au sommet, je prends plusieurs dizaines de clichés pour constituer un panoramique à 360°. Je vois nettement la Sainte-Victoire de là-haut car je sais où la chercher, La Sainte-Baume également, mais aussi le Lubéron, la Lure, le Ventoux, le Dévoluy, Les Monges, Les Ecrins, Le Champsaur, de lointains sommets vers le Queyras, la Haute-Ubaye avec l'Aiguille de Chambeyron et le Brec, le Viso, les sommets du Val d'Allos, le Mont Pelat bien sûr mais aussi la Tête de la Frema, les Aiguilles de Pelens, les grands sommets de l'Italie que sont le Monte Matto et l'Argentera, avec, encore plus à l'est, le mythique Gélas, le Clapier, le Grand Capelet, le Bégo, la Cime du Diable ... Puis la vue va se perdre du côté de Menton et de la Méditerranée ...
L'une des parties du gigantesque panorama que l'on a depuis le sommet !
En bleu-gris, au fond, au centre de l'image, la Sainte-Victoire, vue entre le Chiran (à gauche) et le Montdenier (à droite).
Heureux, tout simplement !!
En dépit du temps qui passe (je dois penser au trajet de retour), je prends mon temps, là, au sommet, et savoure tout ce qui s'offre à moi. j'emplis mon âme d'une myriade d'images qui m'accompagneront longtemps dans les mois à venir ...
Il est 12h00. Je dois redescendre. Pour éviter d'avoir à emprunter de nouveau le couloir très raide de montée, je choisis de suivre la longue échine sud et de plonger beaucoup plus bas vers un second couloir qui m'est apparu moins rude depuis le Collet d'Emburles. Ce sera un bon choix. La descente n'est pas technique et me permet de revenir un peu plus vite que prévu vers la sécurité du ravin, assez près du collet.
Cela fait maintenant plus d'une heure que je n'ai plus vu Olivier. Je sais simplement qu'il a quitté le replat où il s'est arrêté lorsque je suis arrivé moi-même arrivé au sommet du Coyer. Olivier a une longue pratique de la montagne et je ne suis aucunement inquiet pour lui. Par contre, je lui en veux un peu de ne pas avoir surveillé ma descente. Un accident, même mineur, dans cette grande face, eût put avoir des conséquences fâcheuses... Quant on part à deux en montagne, on doit pouvoir compter sur l'autre en cas de problème ; là, ce ne fut pas le cas ...
A 13h, après avoir récupéré mes affaires au pied du mélèze isolé, j'arrive enfin à la Cabane Vieille. Comme je m'en doutais, j'y trouve mon beau-frère allongé en plein soleil, en pleine sieste.
Je suis en colère et le lui exprime sèchement. Il a la bonne idée de ne rien dire et de ne pas envenimer les choses. Il exprime simplement qu'il n'avait plus de jambes et qu'il ne pouvait pas aller plus loin ...
Et oui, comme quoi, sa grande habitude de la montagne et ses 30 ans n'ont pas fait le poids face au papy que je suis !! Une chose est sûre, en montagne, seule la volonté compte !!
Nous quittons la cabane après que j'ai grignoté un morceau (je n'ai toujours pas faim !). Direction le flanc est du Courradour pour une longue descente vers la voiture. Nous y croiserons un chamois esseulé, peut-être malade, en tous les cas pas vraiment craintif, ainsi qu'une unique jouvencelle fort mignonette, la seule et unique personne rencontrée en deux jours de montagne sur ces terres désolées aux allures de bout du monde !!
Olivier sur le petit sentier en corniche qui ramène vers Peyresc ...
Jeune chamois mâle.
A 15h30, nous parvenons enfin au-dessus de Peyresc. Le sentier se termine aux dernières maisons et j'en photographie quelques-unes, fasciné par la beauté de cette architecture de montagne, tout en pierre et en bois.
Les maisons magnifiques du village de Peyresc !
Peyresc était un hameau presque totalement en ruines qui a été sauvé de l'abandon par des belges qui ont racheté une à une les anciennes maisons délabrées, les ont retapé et ont fait de ce splendide village un haut-lieu universitaire ! Ici, à la belle saison se tiennent des colloques, des séminaires, des expositions et d'éminents chercheurs, penseurs et artistes viennent y trouver l'inspiration !! Incroyable !
Peyresc, vu du sentier de retour ...
A 15h50, je mets la clé de contact et démarre la Kia. L'aventure est finie mais nous avons des souvenirs pleins la tête ... Dans le coffre, il me semble entendre nos raquettes à neige, toutes sèches et propres, qui ricanent bien fort en se moquant de nous !
Cette escapade en montagne nous aura poussé à parcourir 24 kms et à gravir 1720m de D+, dont les 2/3 avec un sac de dos de 16 kg ...
Malgré nos muscles endoloris, nos épaules meurtries, nos colères et nos rancoeurs, ce fut une bien belle expérience et personnellement, je n'en regrette pas un instant !!!!!!!!!!
Le lien vers l'album complet :
https://picasaweb.google.com/104335588776668777551/GrandCoyer29022012
A découvrir aussi
- Ascension du Mont Viso (3841 m) et autres friandises...
- La Haute Route, entre Merveilles et Gordolasque - Jour 2
- Val Varaita, l'Alpe côté Piémont...
Inscrivez-vous au blog
Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour
Rejoignez les 43 autres membres