Val Varaita, l'Alpe côté Piémont...
Nous sommes le dimanche 28 juillet 2013, il est 18h30 lorsque j'entre dans le Val Varaita depuis le beau village de Casteldelfino.
Il a fait beau jusqu'au fond du Queyras mais, passé le Col Agnel, des nuages bas et lourds ont envahi les vallées, formant la "nebbia" (la brume, en italien, caractéristique de la rencontre des masses d'air surchauffées de la Plaine du Pô et de l'air frais des montagnes alpines).
Remonter le Val Varaita me prend une trentaine de minutes et j'atteins rapidement le terminus de la route à Santa-Anna di Bellino, minuscule hameau coincé au fond de la vallée.
Les maisons typiques du hameau de Santa-Anna di Bellino
Deux pistes continuent mais elles sont interdites à la circulation et, de toutes façons, vu leur état, seul un véhicule 4x4 pourrait les emprunter...
Il est temps pour moi de garer la voiture et surtout, de trouver un emplacement sympathique où poser ma petite tente...
Mais, contrairement à ce que laissait supposer la carte italienne au 1/25 000e, le relief est très vallonné et il n'y a rien de plat aux alentours...
Je me résigne donc à monter ma tente à moins de sept mètres de ma voiture, à peine à l'écart d'une piste qu'empruntent tous les randonneurs de la région. Moi qui comptait m'isoler un peu, c'est complètement raté !!!
Ma tente, à quelques mètres à peine de la piste ...
Tant pis, je m'installe donc sur un replat sommaire, sous les arbres et tandis que j'en termine, le ciel se couvre sérieusement... Je suis inquiet pour le journée du lendemain...
Je fais quelques photos dans l'ambiance mi-brumeuse, mi-orageuse, mange un morceau puis attends la venue de la nuit paisiblement...
Dans la vallée, en fin de soirée ...
Lundi 29 juillet 2013
Ce matin (il est 6h30), il pleut. je choisis donc de rester coucher... Mais très vite la pluie va se transformer en un très gros orage qui durera plus d'une heure et demi. L'eau tombe si fort sur la tente que des gouttes commencent à traverser le double-toit... ça commence très mal ce séjour en montagne !!!!!
J'attends, blotti au fond de mon duvet, que ça se calme.
A 9h00, un rayon de soleil réchauffe ma toile de tente trempée ; je me lève !!
Effectivement, le mauvais temps est passé et il se met progressivement à faire beau sur la vallée.
je me dépêche donc de me préparer pour aller marcher et profiter au mieux de la journée qui s'annonce.
Enfin le beau temps !!!
Il est 10h00 lorsque je pars à l'assaut de l'une des pistes, en direction du nord-ouest. Mes pas devraient me conduire 1500m plus haut au Mont Salsa, voisin du Bric de Rubren, l'un des sommets satellites de la vallée de la Haute-Ubaye...
Je marche à pas comptés vers le sommet du Monte Salsa ...
Le paysage est enchanteur ; il y a des fleurs partout et les alpages brillent de milliers de gouttelettes irisées de soleil.
Au-dessus de moi, à droite, s'élève le puissant monolithe de la Rocca Senghi, un rocher gigantesque que parcourt une via ferrata...
A gauche, loin au-dessus de moi, c'est l'arête frontalière avec notre pays ; on y voit d'ici la Tête de l'Autaret, la Tête de Gandin et celle de Malacoste..
D'un bon pas, je gravis les premiers 500m de D+ pour me retrouver dans une vallée suspendue où je compte plus de dix granges et cabanes d'alpage, toutes de belle facture et fort soigneusement entretenues. Il y a de l'eau partout autour de moi et le bruit des torrents et des cascades m'accompagne tout du long...
Il n'est que 11h30 lorsque le ciel recommence à s'obscurcir par l'ouest... Je pense à un passage nuageux et ne m'en inquiète pas outre mesure...
Je continue à grimper vers le Mont Salsa qui m'apparaît désormais dans toute sa puissance, au fond de cette longue vallée.
Le Monte Salsa
Je perds le sentier, mal tracé et qui contourne des enclos à bestiaux mais je ne m'en inquiète pas car le relief permet de sortir de la trace principale. De plus, j'ai le secret espoir de trouver hors sentier quelques belles pièces minérales car on dit que cette partie du Val Varaita (Val Varaita del rui) est très riche en cristaux d'albite notamment...
A 12h30, je dois me rendre à l'évidence, la pluie arrive en épais rideaux !! La vallée est complètement bouchée à l'ouest et un vent glacé s'est levé depuis peu, précédent les vagues de pluie qui s'abattent désormais à peu de distance.
Je suis à 2700m d'altitude et il ne reste que 400m de D+ à gravir pour atteindre le sommet du Salsa... Pour autant, monter là-haut pour ne rien voir, quel en serait l'intérêt ??
je change donc d'objectif et choisit de rejoindre la base des falaises du Salsa, vers 2900m, pour y chercher des minéraux, de l'hématite notamment...
Quelques minutes après avoir enfilé ma veste de pluie, des trombes d'eau s'abattent sur moi, dans le rugissement d'un vent incessant... Je n'y vois plus qu'à quelques dizaines de mètres et je commence à avoir très froid malgré mon petit pull de laine...
Sous un vent violent et glacial, la pluie puis le grésil s'abattent sur moi !!!
L'eau passe à travers mes vêtements en peu de temps, poussée dans les moindres replis par le vent glacial...
Tant pis, il ne sera pas dit que je serai venu jusqu'ici pour rien ! je m'acharne donc dans ma progression et monte à la rencontre des falaises.
La pluie se transforme soudain en neige et la température descend encore plus bas. Pour l'instant, la neige ne colle pas au sol. Si ça change, il faudra que je songe à faire demi-tour...
Ca y est, il neige !!!!!
Epuisé, glacé, j'arrive enfin au pied de la barre rocheuse qui constitue le premier socle du mont Salsa. Je sais que de très belles pièces d'héatite (roses de fer) ont été trouvées dans ce secteur et, malgré le froid et la neige, je me mets à prospecter chaque gros bloc, chaque fissure... Mais il n'y a rien. je ne dois pas être au bon endroit... Il faut dire qu'avec cette neige qui m'aveugle , l'altitude qui m'essouffle et le froid qui me fige, je n'ai plus trop les idées claires.
Soudain, je me rends compte que la neige commence à former une fine pellicule au sol. Il est temps de redescendre. Si tout devient blanc, je vais me perdre et j'ai si froid que tout cela pourrait mal finir...
je fais donc demi-tour au plus droit et descend dans des éboulis mouvants très raides mais porteurs ! Avec mes doigts complètement engourdis, j'essaie péniblement de ramasser un peu de genépi mais il est rare, court sur pied et surtout à demi enfoui sous la neige !!!
Une heure plus tard, je suis redescendu de plus de 700m ; ici, il pleut finement mais le ciel est encore très bas et menaçant. je n'ai rien mangé depuis ce matin et je meurs de faim mais j'ai tellement froid que m'arrêter en plein vent ne me dit rien du tout ; mieux vaut marcher et redescendre au plus vite vers la douceur de la vallée.
Plus bas, je me retourne pour voir le Salsa mais il est toujours pris dans le mauvais temps ...
Vers 15h30, je m'abrite dans une bergerie en ruines et dévore du pain et du saucisson, tout en claquant des dents et en tremblant de tous mon corps ! Dehors, le vent gémit d'un bout à l'autre de mon abri précaire, frustré de ne pas pouvoir me mordre encore...
A 17h00, j'arrive enfin à mon campement, fatigué, les pieds trempés et ampoulés !
Je me change intégralement, me fais un bon café brûlant et me blotti à l'intérieur de ma voiture pour m'y reposer enfin !!
Quelle journée !! Je n'ai pas gravi le Salsa, je n'ai pas trouvé de beaux minéraux mais pour autant j'ai retrouvé une ambiance que j'adore : Celle que seule la haute montagne ou la haute mer peuvent générer, lorsque l'homme se retrouve seul parmi les éléments déchaînés !!! Et ça, il faut le vivre pour savoir à quel point c'est intense !!!
Mardi 30 juillet 2013
Je me réveille à 6h00 ce matin, un peu à cause du torrent qui fait un vrai vacarme, un peu aussi à cause des oiseaux qui chantent sans vergogne tandis que le jour est à peine levé et puis sans doute aussi parce que je dors mal ces derniers temps !
J'ouvre la tente : Il fait un temps magnifique même si le soleil est encore très bas à l'est !!
Mardi matin, vers 6h30. C'est grand beau !!!!
J'enfile des vêtements chauds et c'est parti pour la préparation d'un bon petit déjeuner. C'est qu'il va me falloir des forces aujourd'hui car j'ai la ferme intention d'aller rendre visite à "La Marchisa", Rocca La Marchisa plus exactement, un superbe sommet qui culmine à 3072m !!
A 6h50, je commence à m'élever sur la longue et large piste qui remonte le Val Traversagn. Le soleil apparait bientôt et sa chaude lumière inonde peu à peu le Val Varaita. Par chance, je marche à l'ombre et c'est tant mieux car la pente est parfois raide pour franchir le verrou rocheux qui conduit au Pian Traversagn.
Soudain, la silhouette triangulaire du Viso m'apparaît au nord-est, me ramenant deux ans en arrière, lorsque j'avais gravi ce sommet mythique !
Le Viso m'apparaît enfin !
Mais aujourd'hui, le défi est davantage à échelle humaine. L'ascension de Rocca la Marchisa ne devrait pas me poser de problème malgré son altitude élevée.
Une fois le long replat du Pian Traversagn parcouru, parmi les chevreuils et les fleurs des Alpes, je viens buter sur la sévère montée qui permet de rejoindre le Colle di Vers.
Sur la longue traversée du Pian Traversagn, une vue d'ensemble de mon objectif du jour !
Rocca La Marchisa, magnifique belvédère à 360° sur les Alpes du sud franco-italiennes !
A pas mesurés, je m'élève régulièrement le long d'une grande échine ombreuse qui descend du sommet. Très vite, de part l'altitude (environ 2700m) et l'exposition, j'ai froid et me voit obligé de passer une laine.
L'endroit est superbe, très minéral mais pas hostile. A ma gauche, la Cime Sebolet me domine de ses 3018m.
J'arrive enfin au Colle di Vers (2862m), d'où la vue sur le Val Maira et toutes les faces nord des sommets du Mercantour est splendide !
Depuis le Colle di Vers, vue vers le sud et le Val Maira ...
Après une brève pause, je repars en crapahutant au mieux dans de gros blocs de gneiss, cap au nord, pour m'élever droit vers le sommet. L'itinéraire est cairné. Il oblige à poser un peu les mains mais reste très abordable dans sa difficulté.
Les vastes éboulis qu'il faut remonter pour atteindre le sommet.
Une marmotte observe prudemment ma progression ...
A l'approche du sommet, il n'y a plus de sente, juste de gros rochers à franchir aisément pour atteindre une petite croix tordue ! Je réalise soudain qu'il n'y a pas un sommet mais trois ! Je viens d'arriver sur le plus haut, à 3072m. Devant moi, plein nord, au bout d'une arête plutôt aérienne, il y en a un second, légèrement plus bas et, 50m à l'est, il y en a un troisième, sans doute le plus bas mais pourtant le plus remarquable où trône une belle croix de fer ouvragé et un livre d'or dans sa boîte !
Deux des trois sommets de Rocca La Marchisa ; celui de gauche est le plus haut !!
Au sommet, tout content !!!
Le troisième sommet, avec au fond l'immense plaine du Pô...
Je pose mon sac à dos, sors mon APN et mitraille de longues minutes le splendide panorama qui s'offre à moi... D'ici, la vue porte à 360° de la mer (que l'on distingue dans le Golfe de Gênes !) au Mont-Blanc et au Cervin, qui dominent les Alpes au nord. Les Aiguilles de Chambeyron, le Brec, la tête de Moïse, le Pelat, le Mounier, pas un seul sommet des Alpes du sud ne manque à l'appel !! C'est magique.
Le Mont Blanc vu du sommet.
La Tête de Moïse qui domine le Col de Larche
Le Golfe de Gênes et, presque invisibles, quelques sommets des Appenins !!!
En outre, aujourd'hui, il y a une lumière extraordinaire et pas un filet de nuage où que le regard se porte !! J'adore !!!
Très loin vers le nord-est, on distingue le Mont-Rose puis, plus à l'est encore, quelque chose qui pourrait être la Bernina (du côté des grands lacs du Piémont italien) ...
Vers le sud-est, j'aperçois dans les brumes très lointaines un grand sommet arrondi du côté des Apennins ; impossible de l'identifier...
Je m'attarde longuemet sur tous les sommets satellites du MonViso. J'y retrouve mon itinéraire de jadis avec notamment l'horrible couloir du Passo Fiori e Ratti !!
Au centre de l'image, le couloir qui mène au Passo Fiori et ratti, couloir que j'ai remonté avec un sac à dos de 18 kg lorsque je suis allé gravir le Viso !!
Plus près, je distingue chaque relief des deux grands autres sommets du secteur, Le Pelvo d'Elva (dont l'accès est particulièrement complexe) et le Chersogno aux faces si contrastées...
Pelvo d'Elva
Chersogno
Tandis que j'admire tout cela à me brûler les yeux, j'entends des voix plus bas, dans la face d'ascension ; c'est un couple d'italiens qui arrive du Val Maira et qui grimpe, comme moi, à l'assaut de Rocca la Marchisa.
Un quart d'heure plus tard, je les croise et les salue tandis même qu'ils approchent du sommet.
Un couple d'italiens monte vers le sommet...
La descente est facile, rapide et débonnaire. J'atteins très vite la base des contreforts sud-est du sommet et dirige mes pas vers le Colle delle Sagneres (2894m). Quelques minéraux attirent mon regard. Il s'agit de quelques mauvais cristaux d'albite que je m'évertue à déloger au marteau et au burin mais la récolte est médiocre...
Fatigué et affamé, je choisis de m'arrêter pour déjeuner. Malgré ma descente, le paysage au loin est encore majestueux.
Après le repas, je franchis donc le Colle delle Sagneres pour me retrouver de nouveau sur le versant "Val Varaita" de la montagne.
A partir d'ici, la descente est particulièrement pénible. Il n'y a plus guère de sentier, juste un immense éboulis très mouvant (solifluxion de la glace sous jacente) aux blocs instables et traîtres. Avec la fatigue, on a vite fait de se casser la figure très sérieusement dans ce genre de terrain...
Sur la gauche, on voit bien le long couloir qu'il faut redescendre pour rejoindre la Costa Sturana ...
C'est donc avec beaucoup de précaution que j'entreprends la longue descente... J'alterne entre la marche sur roche instable et la marche sur névé glissant !! Pas top !! Heureusement, pour me distraire de ce long chemin fatigant, je rencontre quelques minéraux, dont de nombreux nodules de fer et un peu d'hématite mal formée. Je n'en suis pas étonné car je sais qu'il y a un peu plus bas une ancienne mine où l'on extrayait cette précieuse matière il y a fort longtemps !
J'ai mis quasiment une heure à descendre le très long éboulis qui me sépare du Colle delle Sagneres (il faut dire que j'ai lambiné pour chercher des minéraux !). Il fait chaud, très chaud même et je vais, sans vraiment m'en rendre compte, attraper un énorme coup de soleil sur la nuque et les épaules (je suis en débardeur).
J'arrive à l'ancienne mine. C'est ému par le courage des hommes qui sont venus travailler ici, sur ces terres hostiles et glaciales les 10/12ème de l'année, que je pénètre dans la mine enténébrée...
L'entrée de "l'antica miniera" !
Dans la vieille mine ...
A la seule lueur du flash de mon appareil photo, j'entrevois les veines de fer brut au plafond de la galerie. Une galerie est inondée, l'autre éboulée. Je ne m'attarde pas, conscient que les lourdes dalles qui me surplombent ont été fragilisées au cours de l'exploitation et que tout finira bientôt par s'écrouler...
Je retrouve la clarté aveuglante du soleil à la sortie de la mine ainsi que le petit sentier qui suit longuement la Costa Sturana, une crête rectiligne qui ramène doucement vers le Val Varaita...
A gauche, l'interminable crête de la Costa Sturana qui va peu à peu me ramener dans le Val Varaita ...
Ici, point d'ombre! Je marche plus d'une heure en plein soleil, au plus fort du rayonnement et je sens cette fois-ci que ma chair est brûlée sérieusement par le soleil. Je ne peux rien y faire car si je mets mon pull-over ou ma veste de pluie, je vais transpirer et mourir de chaud...
Tant pis pour moi, hier c'était la neige et le froid mordant, aujourd'hui, c'est le soleil et sa brûlure cuisante !!!
La Costa Sturana est interminable... Je finis par marcher comme un automate, sans réféchir, sans même penser, prêt à m'endormir... Soudain, je réalise qu'il n'y a plus de sentier... je ne sais plus où je dois aller... Dans l'alpage, une sente bordée ça et là de pierres blanches semble indiquer une voie à suivre... J'y vais.
C'est au moment où je me crois perdu au coeur de la montagne que je retrouve finalement un vague sentier qui me ramènera jusqu'au Val Traversagn... En fait, après vérification, la carte est fausse, je n'ai pas perdu l'itinéraire !
Encore une bonne heure de marche et c'est fourbu, assommé par la chaleur et le fatigue, que j'arrive à mon camp de base. Mes pieds me font souffrir, non seulement à cause des ampoules attrapées hier mais aussi et surtout à cause de mes ongles de pied trop longs (il faut toujours penser à les couper avant de partir en montagne !!!). Mes épaules sont en feu, ma nuque est comme chauffée à blanc, j'ai mal à la tête mais quelle journée !!!
Le soir venu, au fond de mon duvet, je m'efforçais de garder intact le souvenir de cette lumière pure qui cisèle d'azur les hautes terres du monde...
Mercredi 31 juillet 2013
Aujourd'hui, j'avais décidé de dormir plus longtemps mais il n'en a rien été !! Comme d'habitude, et malgré moi, j'ai ouvert les yeux à 6h00 du matin !!
J'ai fait un rapide check-up avant d'émerger, histoire de savoir si mon corps supporterait encore de gros efforts aujourd'hui et, hélas pour ma carcasse, tout semblait fonctionner à merveille !!
Je me suis donc levé, préparé et je suis parti une fois de plus vers les hauteurs !!
Pour autant, ce matin, je n'avais pas spécialement l'intention de faire un sommet. mes ambitions étaient plus modestes. Je voulais monter vers les contreforts nord-ouest du Monte Pence pour tenter d'y dénicher des cristaux d'albite, d'épidote ou d'hématite. J'avais lu sur le net que ce sommet recelait des fentes alpines minéralisées de toute beauté et je voulais aller voir cela par moi-même !!
Seulement voilà, le Monte Pence, ce sont des centaines d'hectares de roches, sous formes de falaises abruptes, d'éboulis instables ou de couloirs très raides et je ne savais pas du tout où chercher précisément ?
J'ai donc fait le choix de monter directement du côté Val Traversagn, ce qui fut un très mauvais choix !!!
Je commençais donc à emprunter la même piste qu'hier matin pour la quitter très vite et monter tout droit au travers des bosquets d'aulnes et de langues de terre herbeuse.
Il n'y a rien de plus pénible que de monter "droit dans la pente". On y laisse vite une énorme quantité d'énergie et on avance très lentement. Ici, il m'aura fallu 3 longues heures pour ne gravir "que" 800m de D+ (en principe, on s'élève d'environ 350 à 500m à l'heure en montagne quand on est bon marcheur)...
Les terrains instables et épuisants que j'ai emprunté pour grimper vers le Monte Pence ...
Jamais vraiment aussi seul qu'on ne le pense !!
Je me suis élevé de plus en plus haut, sur des terrains instables et peu sécurisants, jusqu'à atteindre un replat (enfin !!) qui venait buter sur de puissantes et infranchissables falaises... Impossible d'aller plus haut, plus loin !! S'en était fini de mes rêves de minéralogie ; ce n'était pas par là qu'il aurait fallu passer pour atteindre la zone minéralisée mais je n'ai eu le recul nécessaire que bien plus tard, chez moi, en regardant les photos du Monte Pence que j'avais prises par hasard le premier jour...
Sur ce cliché pris le premier jour, on voit bien que des solutions évidentes permettent d'approcher au mieux le sommet !
J'ai donc fait demi-tour et suis descendu face au vide, avec beaucoup de précaution dans les endroits les plus raides pour arriver bien plus tard dans un cône d'éboulis que j'avais délaissé à la montée. C'est là que j'ai trouvé quelques échantillons d'hématite. Une récolte dérisoire par rapport aux efforts fournis mais c'est ainsi ! En montagne, il faut toujours savoir rester humble et accepter la défaite...
Un jour peut-être reviendrais-je par là. Je saurais alors par où monter vers les fentes à cristaux. On n'apprend que de ses erreurs...
Je suis retourné à la voiture, j'ai démonté mon campement et j'ai repris la route, refermant doucement la parenthèse du Val Varaita du côté de Casteldelfino, comme je l'avais entr'ouverte voilà trois jours ...
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