La Haute Route, entre Merveilles et Gordolasque - Jour 3
Jour 3 : 6 août 2012
Ce matin, nous sommes réveillés par les pas et les voix de quelques randonneurs qui semblent se diriger soit vers le Gélas, soit vers la Malédie.
En ouvrant la tente, je constate que le ciel est déjà bien plombé et que des orages surviendront probablement de bonne heure aujourd'hui...
Cela tombe bien et rend plus acceptable la décision prise hier soir.
Au matin, le soleil est déjà derière les nuages...
Après le petit déjeuner, je prends une bonne heure pour arpenter les barres rocheuses du coin avec mes appareils photo (réflex et compact) en main. Je n'ai qu'un seul but : Trouver une fleur de florulenta !!!
Mais hélas, je vais vite devoir me rendre à l'évidence, c'est une très mauvaise année pour l'ensemble de la végétation à cause d'un cruel manque d'enneigement et d'eau et cela n'a sûrement pas favorisé l'épanouissement de cette Saxifrage. Je trouve quelques hampes florales fânées des années précédentes (toute la plante prend alors une curieuse couleur rouille) mais aucune fleur fraîche !
Dépité, je retourne au campement...
A peine avons-nous fini de tout plier que trois randonneurs, un homme et deux adolescents , de retour de la Malédie, viennent nous faire une petite visite. On discute un peu ; seul l'un des deux jeunes hommes est monté au sommet (nous l'avons effectivement vu depuis notre camp lorsque nous déjeunions). Apparemment, et contre toute attente vu le temps qu'il fait ici, il semblerait que la vue portait très loin au nord sur la Plaine du Pô et le Piémont italien, tant mieux pour lui !
Le temps est de plus en plus menaçant et nous ne perdons pas de temps pour entamer la très longue descente vers le Pont des Countets. En désespoir de cause, j'explique à Laurent que je vais quitter la trace pour me déporter à droite et longer les barres, toujours mû par un même espoir !!
Et soudain, au beau milieu d'une petite barre, à une hauteur raisonnable pour envisager d'aller la voir de très près (à 5m du sol environ), j'aperçois une belle hampe florale, bien rose, bien fraîche, haute de quelques 25 cm !! Quelle joie ! J'appellle Laurent, descendu plus bas sur le sentier mais qui remonte bien vite pour voir cette merveille !
La hampe florale, extraordinairement rare, de la Saxifrage à fleurs nombreuses !!!
Les 30mn qui suivront seront utilisées à photographier sous tous les angles cette rareté de la flore mondiale. Je fais même quelques pas d'escalade pour aller à sa rencontre, en équilibre très précaire, avec en plus mon réflex à la main !!!
Au passage, j'entrevois de nombreux plants de genépi mais tous sont grillés par le soleil et le manque d'eau.
Il est grand temps à présent de songer à descendre "pour de vrai". Le temps est d'un gris jaunâtre, la lumière blafarde et les sommets ont commencé à disparaître plus ou moins dans les nuages sombres. Je suis Laurent dans la descente et je rigole malgré moi de voir le gîte que ses semelles recommencent à prendre, oscillant tantôt à droite, tantôt à gauche de la chaussure !! Heureusement que tout s'achèvera dans quelques heures !!!
En rejoignant le Lac de la Fous, un dernier regard sur le Clapier
Nous regagnons bien vite le rivage du Lac de la Fous, passons à droite de son large barrage et commençons à basculer vers le lieu dit "l'Estrech" (l'Etroit) où un verrou glaciaire ferme la haute vallée. C'est là que nous finirons nos dernières provisions en un repas frugal mais énergétique !
Contrairement à ce que je fais d'habitude quand je viens marcher dans le coin, je choisis cette fois-ci de descendre par le Mur des Italiens et non par le Pas de l'Estrech. Ce sera un bon choix car la descente par ici est plus directe et plus rapide. L'eau, sous forme de cascades, de goulets naturels et de magnifiques vasques propices à la baignade (par beau temps !!) est partout présente dans cette étroiture de la vallée. Mais au vu de la météo, et des tonnerres qui se rapprochent, nous ne doutons pas un instant qu'il y en aura bientôt autant sur les sentiers que dans les torrents !!
Le "Mur des Italiens", une fortification militaire de quelques mètres pour fermer toute une vallée !
Les cascades de l'Estrech
Laurent, juste avant l'orage, montre son "bel appareil" !!!!! (Mékilékon !)
Nous forçons donc le pas, sous les premières averses et bâchons en toute hâte nos sacs à dos. En un rien de temps, tout s'accélère et le coeur de l'orage est sur nous ! Il ne nous reste pourtant que quelques 700m linéaires à parcourir pour rejoindre la voiture.
Mais rien n'y fait, l'orage décuple sa violence et c'est sous un vent affolant, une pluie de grêle et dans une tourmente indicible que nous arrivons, noyés de la tête aux pieds au parking du Pont des Countets !!
Impossible de se changer sous les trombes d'eau qui s'abattent, et je ne parle même pas des framboisiers qui nous tendent les bras et que nous devions longuement visiter à notre retour !!! Ils sont presque invisibles alors qu'ils ne sont qu'à 10m de la voiture !! Par dépit, je vais tout de même ramasser quelques fruits avant de courir rejoindre Laurent, partiellement abrité sous la porte ouverte du coffre de son Touran !
On organise vite, tant bien que mal, le "bâchage" des sièges pour pouvoir s'asseoir sans rien détremper, on jette les sacs à dos dans le coffre et là, Laurent se recule, ferme la porte du coffre et reçoit directement le contenu d'un seau d'eau sur la tête et les épaules !! Merci les ingénieurs de chez Volkswagen qui auraient pu éviter ce creux sur la porte du coffre !!!!
20 mn plus tard, l'orage s'est arrêté ; nous stationnons le véhicule sur un bas-côté et nous pouvons enfin envisager de prendre un peu nos aises et de nous changer tranquillement !
Sur la route, un peu partout, dans cette haute vallée de la Gordolasque, des blocs rocheux ont roulé jusqu'à la route sous la poussée des eaux ; il y a même un arbre qui est tombé sur des lignes électriques et déjà des gars bossent dur pour rétablir la situation !
L'orage aura vraiment été très violent par ici et, tout bien réfléchi, nous n'en avons pris que l'extrémité !
Laurent reprend la route de la Vésubie, le soleil réapparaît doucement...
C'est la fin d'une belle aventure et je suis triste car je sais aussi que ce sera ma seule échappée estivale vers ces hauts sommets que j'aime tant et qui me manquent déjà...
Laurent, je n'en doute pas, gardera de cette haute route un souvenir impérissable. Et je sais aussi qu'il a eu beaucoup de courage de ne jamais se plaindre de l'état désastreux de ses chaussures car, même si nous avons réussi peu ou prou à les rendre utilisables jusqu'au bout, c'est un peu comme s'il avait fait la moitié de cette randonnée avec des palmes au pied !!! Bravo Monsieur ! Chapeau bas !
C'est quand tu veux, l'ami, pour un nouveau départ !!!!!
La suite des photos, c'est sur Picasa :
https://picasaweb.google.com/104675165079638287183/Gordolasque45Et6082012
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