Au fil des roues, au gré des pas...

Au fil des roues, au gré des pas...

Sugiton, une crique aux charmes extraordinaires ...

Calanque de Sugiton, Crique des Pierres Tombées.

 

 

Nous sommes le dimanche 26 février 2012 et, en dépit d'un mistral qui se lève, la Provence littorale est inondée de soleil.

Il n'en faut pas plus pour nous décider à rejoindre quelques amis à la Calanque de Sugiton, l'une des perles de la côte entre Marseille et Cassis.

50 mn après avoir quitté la maison, nous voilà sur le vaste parking de Luminy, la célèbre faculté "hors-agglomération" de la cité phocéenne.

Nous n'y sommes pas seuls !! Il est maintenant 10h30 et plus d'un millier de randonneurs, joggeurs, grimpeurs et autres bipèdes se pressent à l'assaut du Col de Sugiton, passage obligé pour rejoindre la mer ...

 

 

Nous retrouvons malgré tout nos amis et prenons le chemin tant convoité.

Il faut environ 10 bonnes minutes pour arriver au col. Une première vue sur la Grande Candelle vient accrocher le regard ...

 

 

Sur les conseils avisés du copain, nous évitons de nombreuses portions de la longue piste descendante en coupant par un sentier pierreux.

Une centaine de mètres plus bas, nous retrouvons la piste.

Emmanuel (le pote) et son fils Julien s'amusent comme des petits fous à dégringoler à toute vitesse des portions d'éboulis mais la chute guette !!

 

 

Ma fille et ma femme ont des méthodes de progression beaucoup plus sûres !

 

 

La descente se poursuit et le vallon, très encaissé, tarde à nous montrer les joyaux qu'il recèle. Pourtant, nous profitons de temps à autre de vues saisissantes comme celle-ci, par exemple, sur l'ensemble du profond Couloir du Candelon :

 

 

L'arête spectaculaire qui borde sa rive droite (dans le sens de l'image) a pour nom "Arête de Marseille" et a été ouverte par Monsieur Gaston Rebuffat lui-même. C'est l'une des voies les plus esthétiques du massif des Calanques !

 

Plus loin, en allant vers la mer, nous apercevons une cordée dans l'Arête du Vallon, le plus long éperon qui descend de l'Aiguille de Sugiton. Cela m'évoque d'excellents souvenirs car il s'agit de ma première voie réalisée en escalade, avec la M.J.C. d'Aubagne en 1981! Mon guide d'alors, et premier de cordée, s'appelait Michel Guidi ...

 

 

Encore plus bas, mais à gauche du vallon s'élève la Paroi des Toits, une formidable muraille déversante où ont été tracées quelques-unes des voies les plus difficiles des Calanques. Ici, c'est le royaume du gros dévers et il faut une musculature d'acier pour terminer les longueurs extrêmes du secteur !!

Sur la photo ci-dessous, le grimpeur se trouve déjà à plus de 15m de dévers par rapport au sol !!!

 

 

Enfin, la splendide crique de Sugiton apparaît, dans son écrin de roches blanches. Tout en bas, le bleu irréel de la mer se mêle au vert sombre des pins ... On ne peut que s'extasier devant tant de beauté !

 

 

Le "Torpilleur", ilôt caractéristique de cette Calanque, se dresse fièrement à son entrée comme un navire de ces anciens phéniciens, venus jadis explorer ces terres ...

 

 

Le site est grandiose et se prêterait volontiers à la rêverie mais ...

Hélas, c'est aussi ce lieu que semblent avoir choisi plusieurs centaines de marseillais et autres visiteurs pour y passer la journée !

 

Rapidement, malgré l'heure de marche qui nous sépare du parking et le sentier parfois délicat qui conduit là, la crique se remplit très vite et nous pique-niquerons dans un brouhaha de cantine scolaire !!

Je suis excédé et, tandis même que je suis l'un des tous premiers à m'insurger contre l'idée d'un parc national ici, je me demande si ce genre de rassemblement n'est pas tout simplement néfaste à un lieu aussi fragile ...

Oui mais, me dis-je au fond de moi, est-ce que le parc national ne va pas attirer encore plus de pélèrins en ces terres sauvages et provoquer incidemment encore plus de dégâts que ce qu'il est censé en éviter ...

Et puis, qui suis-je pour prétendre avoir le droit d'être là, moi, et pas les autres ???

 

Quoiqu'il en soit, cette réflexion ne peut aller plus loin ici et aujourd'hui. Pour moi, l'urgence, c'est de quitter ces lieux au plus vite avant de laisser exploser mon agoraphobie latente !!!!

 

C'est l'arrivée d'un nouveau couple d'amis qui va me donner l'occasion de retrouver ma sérénité !

En effet, tandis même que le pique-nique est terminé et que la chasse aux crabes (trop de monde ici pour qu'il en reste un seul !!) est ouverte pour les enfants, notre petit groupe se scinde.

Emmanuel et sa petite famille souhaitent aller grimper à l'Aiguille de Sugiton et j'opte pour un peu de farniente sur les plages de galets des proches Pierres-Tombées, avec les nouveaux arrivants.

 

C'est un choix judicieux et salvateur car, sitôt passés sur ce secteur réputé dangereux (il y a eu des chutes de pierres il y a quelques années et un homme est mort écrasé), il n'y a quasiment plus personne ! C'est ici une plage naturiste mais aujourd'hui, avec le fort mistral qui souffle et les températures encore fraîches, les parties intimes sont restées à l'abri des maillots et des shorts !! Seuls quelques courageux osent le nu mais ils sont suffisamment loin pour ne pas perturber les yeux tout innocents de ma fille !

 

Ici, c'est quasiment l'avant-goût du paradis (non, je ne dis pas ça par rapport à la précédente allocution !!). L'endroit est magique et si l'on excepte le petit voilier amarré là, on ne pourrait donner d'époque au paysage que nous voyons ...

 

 

Tout semble exister ici comme aux premiers temps du monde et les yeux n'ont de cesse d'observer, de caresser du regard, le bleu de la mer, le blanc des rochers, le turquoise des sables sous-marins ...

 

 

Ici, la mer a tout sculpté ... Les vagues ont dessinées, au fil des millénaires, la forme des rochers pour en faire des chimères à nos yeux éblouis ...

 

 

La mer, le soleil, leurs jeux d'ombres et de lumières nous laissent rêveurs et déforment nos sens. Le mistral, sculpteur d'air, forgeron d'une clarté à nulle autre pareille, donne aujourd'hui aux formes un contour au scalpel ...

 

 

L'heure tourne, il est temps de songer au retour, de revenir à une réalité bien plus fade et de laisser ces terres magiques à l'oubli de la nuit ...

 

Mais avant de partir, je rêve encore un peu de ces ruines de pierres, vestiges d'un monde où j'ai vécu enfant ... L'émotion est là, je pose mes yeux sur les vagues inlassables et dépose ma joie dans les embruns capricieux, en un dernier moment d'intense bonheur ...

 



27/02/2012
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