Une approche facile de la botanique dans nos collines...
Mieux comprendre comment vivent et s'adaptent les végétaux de nos massifs provençaux
Comme certains le savent déjà, j'ai parmi mes nombreuses passions une étrange attirance pour tout ce qui touche au végétal !!
Amateur éclairé, formé par la rencontre d'autres passionnés, par de longues lectures et de nombreuses heures d'étude et de recherche, j'ai acquis au fil du temps une solide connaissance des plantes méditerranéennes, des plantes alpines et surtout des orchidées sauvages de France.
Bien évidemment, par extension, je connais aujourd'hui une grande partie des plantes qui poussent un peu partout sur le territoire national.
Aujourd'hui, mon propos n'est absolument pas de vous faire un "cours magistral" sur les espèces botaniques que vous rencontrerez au cours de vos balades dans les collines provençales ! Non, il ne s'agit que de vous donner les clés d'une approche ludique, pour vous permettre de mieux comprendre comment s'organise la végétation de nos massifs pour résister à certaines particularités de notre climat...
Le climat de la Provence :
- La zone littorale :
C'est ici que l'hiver sera le plus doux (il ne gèle que très rarement au niveau de la mer) et l'été le plus "aéré" (vent marin, fraîcheur maritime, humidité relative).
Par contre, ce sera une zone où les végétaux pourront être exposés aux embruns, aux tempêtes maritimes, à des vents très forts venus de la mer...
Pins d'Alep qui croissent horizontalement, plaqués au sol par les vents marins - Calanques.
- La zone interne sud-provençale :
En hiver, les températures peuvent descendre assez bas sur les versants faisant face au nord (ubacs) ou dans les fonds de vallée. L'humidité peut y être abondante, ce qui permet l'installation de mousses et de fougères dont la survie est liée à la présence de l'eau.
Aux adrets (versants faisant face au sud), l'ensoleillement est régulier et malgré un soleil bas, la moyenne des températures diurnes permet l'épanouissement de nombreuses espèces.
En été, le climat est particulièrement chaud et sec. Aux adrets, la végétation souffre d'une très forte déshydratation et seules les espèces protégées des effets dévastateurs de l'extrême chaleur s'épanouissent à cette période. Toutes les autres auront connu leur période de plein développement (et de floraison) d'avril à juin et auront quasiment disparu l'été venu...
- La zone nord-provençale :
Les hivers y sont aussi rigoureux qu'en zone de montagne; la neige couvre sporadiquement les massifs dès novembre/décembre et c'est lors d'un printemps "court" et décalé (mai à juillet) que les plantes s'épanouïront.
L'été est assez chaud mais les fonds de vallons et les ubacs restent suffisamment frais pour que bon nombre d'espèces végétales le traversent sans encombre.
Les sols :
Selon la composition et la constitution chimique du sol, les plantes qu'on y rencontrera seront radicalement différentes. Toutefois, certaines espèces parviennent à s'adapter à divers types de sols; on les rencontrera donc un peu partout en Provence.
Les sols majoritairement "basiques" (PH > 5,5).
Ils sont principalement constitués de calcaire et les plantes qui s'y plaisent sont dites "calcicoles". Ce sont des sols qui sèchent très vite au printemps et qui ne retiennent que très peu d'eau en surface.
Ils constituent la majeure partie des sols de notre Provence.
Sols calcaires semi-arides dans le massif des Calanques
Les sols majoritairement "acides" (PH < 5,5).
Ils seront constitués par des roches siliceuses comme le schiste, le granit, le gneiss, le grès, le silex... Les plantes qui les fréquentent sont dites "calcifuges" ou "acidophiles".
On les trouvera principalement dans les Maures, l'Estérel ou de façon plus isolés là où existent des lentilles gréseuses ou de silex.
Grès rouge du Permien dans le Bois du Rouquan (Plaine des Maures)
Les principales difficultés auxquelles sont confrontées les plantes méditerranéennes :
- L'évapotranspiration :
Compte tenu des pics de chaleur que doivent supporter les plantes de nos régions, des stratégies de survie se sont mises en place au fur et à mesure de leur évolution.
Les feuilles larges ont été éradiquées dans les zones trop exposées au soleil et ont été remplacées soit par des épines (qui ne sont rien d'autres que des feuilles transformées), soit par des feuilles réduites recouvertes de "cire", comme celles du chêne vert par exemple. D'autres encore ont essayé la méthode du "feutrage", emprisonnant de l'air (l'un des matériaux les plus isolants)
Genista lobelii (Genêt de Lobel) aux feuilles transformées en épines acérées - Crêtes de la sainte-Victoire.
Quercus ilex (Chêne vert) aux feuilles couvertes d'une fine cire sur le dessus et d'un feutrage dense dessous pour s'adapter au mieux à l'évapotranspiration.
Santolina chamaecyparissus (Santoline petit-cyprès) et son feutrage gris bleu caractéristique - Crêtes de la sainte-Victoire.
Les espèces "ligneuses" (dont la tige ressemble à du bois) se sont multipliées; en effet, une tige ordinaire a toutes les chances de perdre son eau beaucoup plus vite qu'une tige avec "écorce" sous l'effet d'une grosse chaleur.
Helianthemum apenninum (Hélianthème des Apennins) aux tiges devenant rapidement ligneuses - Calanques.
Le "port en coussinet" est l'un des plus répandu chez les espèces de nos contrées. En effet, avec cette forme de croissance "en boule", le végétal garde son coeur à l'ombre et au frais tandis même que ce sont les parties externes de la plante qui subissent seules l'excès de chaleur.
Helianthemum oelandicum subsp. italica (idem) qui forme de jolis coussinets jaune d'or - Calanques
- La résistance à la sécheresse des sols :
On l'a vu, les étés sont longs et souvent très secs en Provence.
De fait, de nombreuses plantes à oignons et à tubercules poussent dans nos régions. les parties souterraines de la plante se sont développées complètement dans la saison froide, protégées du gel par leur enfouissement, et leur partie aérienne peut jaillir dès les premiers beaux jours du printemps et se prolonger jusqu'à la moitié de l'été par les réserves accumulées dans les oignons et les tubercules...
Souvent aussi, le système racinaire des plantes provençales est très développé. Le but est de leur permettre d'aller chercher de l'eau et des nutriments à bonne distance de la plante elle-même.
Ornithogallum umbellatum (Dame de Onze Heures), une Liliacée qui se développe à partir d'un bulbe souterrain.
- La résistance au manque d'eau :
De nombreuses méditerranéennes sont ce que l'on appelle communément des "plantes grasses"; en fait, botaniquement parlant, il s'agit de "plantes succulentes" (aucun rapport avec leur éventuelle saveur) et ce sont des plantes de la famille des Crassulacées (orpins, joubarbes...), Euphorbiacées (diverses euphorbes) ou encore des Cactacées (Oponces ou Figuier de Barbarie).
Ces plantes ont la particularité de pouvoir stocker de l'eau dans leurs tissus (c'est le cas notamment des Crassulacées ou des Cactacées) ou encore d'avoir pour sève une sorte de latex résistant à l'évaporation (Euphorbiacées).
Sedum ochroleucum (Orpin jaune pâle) aux feuilles imbriquées et très charnues, une espèce très courante dans les rocailles calcaires.
Sempervivum calcareum, une joubarbe que l'on trouve dans les milieux secs mais assez froids - Crêtes de la Sainte-Victoire
Euphorbia characias, l'euphorbe la plus commune de la Provence littorale; son suc laiteux est toxique.
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